Amir Boukhors

Enlèvement d’Amir Boukhors : un sous-officier algérien incriminé

Le 29 avril 2024, Amir Boukhors, connu sous le pseudonyme « Amir DZ », a été enlevé dans le Val-de-Marne, en région parisienne. Cette opération, menée par des hommes cagoulés, a duré près de 27 heures avant que l’influenceur ne soit relâché. L’enquête, initialement confiée au parquet de Créteil, a été reprise en février 2025 par le Parquet national antiterroriste (Pnat) et confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ainsi qu’à la Brigade criminelle. Trois hommes, dont un agent consulaire algérien, ont été mis en examen mi-avril pour arrestation, enlèvement, séquestration en relation avec une entreprise terroriste.

Les investigations ont révélé que l’un des suspects, S.S., un sous-officier algérien de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE), était présent à Paris sous couverture diplomatique en tant que Premier secrétaire de l’ambassade d’Algérie. Bien que son implication soit suspectée, il n’a pas été arrêté, possiblement en raison de son immunité diplomatique.

Une crise diplomatique entre la France et l’Algérie

L’arrestation et la mise en examen de l’agent consulaire algérien ont provoqué une vive réaction de la part des autorités algériennes. Le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé sa « vive protestation » contre cette décision, la qualifiant d' »inadmissible et inqualifiable ». Alger a dénoncé une « cabale judiciaire » reposant sur des éléments jugés « fragiles et inconsistants », notamment la localisation du téléphone de l’agent consulaire près du domicile d’Amir Boukhors.

Cette affaire a exacerbé les tensions déjà existantes entre la France et l’Algérie, mettant en lumière les défis liés à la coopération judiciaire et au respect des immunités diplomatiques. La situation a également soulevé des questions sur les limites de l’ingérence étrangère et la protection des opposants politiques réfugiés en France.

Le parcours d’un influenceur politique sous protection française

Amir Boukhors, âgé de 41 ans, est un influenceur algérien installé en France depuis 2016. Connu pour ses critiques virulentes contre le régime algérien, il est suivi par plus d’un million d’abonnés sur TikTok. Il a été la cible de neuf mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie, l’accusant notamment d’escroquerie et d’infractions terroristes.

En 2022, la justice française a refusé son extradition, estimant que les accusations portées contre lui étaient sans fondement et que son retour en Algérie présenterait un risque pour sa sécurité. En 2023, il a obtenu le statut de réfugié politique en France, renforçant sa protection contre les poursuites du régime algérien.

Des implications judiciaires et politiques en France

L’affaire a également mis en lumière des complicités au sein de l’administration française. Un fonctionnaire du ministère de l’Économie a été mis en examen en décembre 2024, soupçonné d’avoir transmis des informations sur des opposants algériens, dont Amir Boukhors, à un agent du consulat d’Algérie à Créteil. Une employée de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) est également impliquée dans cette affaire.

Ces révélations ont suscité des inquiétudes quant à la sécurité des opposants politiques réfugiés en France et à l’intégrité des institutions françaises face à des tentatives d’ingérence étrangère. Elles soulignent la nécessité d’une vigilance accrue pour protéger les droits fondamentaux et la souveraineté nationale.

L’enlèvement d’Amir Boukhors et les développements judiciaires qui en ont découlé illustrent les tensions persistantes entre la France et l’Algérie, notamment en matière de respect des droits de l’homme et de coopération judiciaire. Cette affaire souligne l’importance de garantir la protection des opposants politiques réfugiés et de préserver l’intégrité des institutions face aux ingérences étrangères.