Avec la prolifération de sites web générés par intelligence artificielle, les fausses informations sur l’Algérie connaissent une recrudescence inquiétante. Dernière en date : une intox concernant l’allocation touristique de la Banque d’Algérie, diffusée par un site anonyme basé à l’étranger.
L’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros en Algérie a suscité de nombreuses réactions, entre espoirs légitimes et propagation de fausses informations. Il est essentiel de faire la lumière sur cette mesure, ses implications réelles et les défis qu’elle soulève.
Une prétendue suspension de l’allocation touristique : la rumeur infondée qui affole les voyageurs algériens
Le site DNAlgérie a récemment publié un article alarmiste annonçant la suspension de l’allocation touristique algérienne, désormais fixée à 750 euros. Titré « Allocation touristique de 750 euros : douche froide pour les voyageurs algériens », ce contenu, entièrement généré par intelligence artificielle, a semé le doute chez de nombreux citoyens algériens, notamment ceux préparant des voyages à l’étranger.
L’article prétendait s’appuyer sur les déclarations exclusives d’un « responsable » de la Banque d’Algérie, une affirmation qui, à première vue, pouvait sembler crédible. Selon ce site, cette prétendue décision serait un « coup dur » pour les droits des voyageurs algériens. Mais il ne s’agit en réalité que d’une pure invention, sans aucune base officielle ou factuelle.
Cette désinformation démontre comment certains sites sans éthique peuvent manipuler l’actualité à des fins de clics et de visibilité, au détriment de la vérité. Le caractère alarmant du titre et l’usage d’une source prétendument interne visent à maximiser l’impact émotionnel et la diffusion virale.
La Banque d’Algérie n’a rien annoncé : qui décide réellement de l’allocation touristique ?
Contrairement à ce qu’affirme DNAlgérie, la Banque d’Algérie n’a pas émis de communiqué ni accordé d’interview au sujet d’une quelconque suspension de l’allocation touristique. L’institution, à l’instar des banques centrales dans le monde, ne se livre pas à des annonces informelles via les médias, encore moins par l’intermédiaire de sites douteux.
En réalité, la décision d’augmenter l’allocation touristique à 750 euros a été prise en décembre 2023, lors d’un Conseil des ministres présidé par le chef de l’État. Toute modification de cette mesure ne peut émaner que d’une instance officielle, à savoir un nouveau Conseil des ministres. La Banque d’Algérie, pour sa part, n’a qu’un rôle d’exécution : elle définit les modalités d’application de la décision et supervise l’ouverture progressive de bureaux de change agréés.
L’attribution de fausses déclarations à des entités officielles nuit gravement à la crédibilité de l’information et brouille le lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions. Cette affaire illustre la nécessité d’une vigilance accrue face aux contenus anonymes circulant sur Internet.
Allocation touristique à 750 euros : une réforme attendue
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé en décembre 2024 l’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et à 300 euros pour les mineurs, une première depuis 1997. Cette décision vise à renforcer le pouvoir d’achat des voyageurs algériens et à réduire leur dépendance au marché parallèle des devises.
Cette mesure est perçue comme une avancée significative pour les citoyens souhaitant voyager à l’étranger. Elle permettra de couvrir une partie des dépenses liées aux voyages et contribuera à restaurer la confiance dans le système bancaire officiel.
Des fake news récurrentes visant l’Algérie et les Algériens de l’étranger
Ce n’est pas la première fois que DNAlgérie, site géré par une seule personne depuis la France, propage des informations fallacieuses sur l’Algérie. Parmi les intox relayées récemment : une prétendue prime de 4.400 euros offerte aux membres de la diaspora souhaitant revenir s’installer dans le pays. Là encore, aucune source officielle n’a jamais confirmé une telle mesure.
Ce type de fausses annonces est souvent exploité par des sites ou forums à l’étranger, notamment ceux affiliés à l’extrême droite, pour attiser les discours anti-algériens ou stigmatiser les ressortissants algériens. L’impact est doublement nocif : il désinforme les Algériens et nourrit les discours de haine dans les pays d’accueil.
Ces fake news nuisent aussi aux véritables efforts engagés par les autorités algériennes pour renforcer les liens avec la diaspora, améliorer les conditions de voyage ou promouvoir les investissements des expatriés. Une manipulation de l’opinion qui appelle à une vigilance constante.
Intelligence artificielle et désinformation : un cocktail dangereux pour l’Algérie
La montée en puissance des outils d’intelligence artificielle, utilisés notamment pour générer automatiquement des contenus, facilite la production massive de fausses informations. Dans le cas de DNAlgérie, l’automatisation de la rédaction permet de publier des articles à la chaîne, souvent copiés-collés ou réécrits à partir de sources crédibles, puis modifiés pour diffuser des intox.
L’un des grands dangers de ces sites est qu’ils imitent la structure des médias professionnels : titres accrocheurs, faux témoignages de responsables, citations fictives… Le tout sans jamais citer de noms précis ni apporter de preuves tangibles. En l’absence de régulation ou de responsabilité éditoriale, ces plateformes deviennent des foyers de désinformation virale.
Google et d’autres moteurs de recherche, en mettant parfois en avant ces contenus dans les résultats, contribuent malgré eux à leur légitimation. D’où l’urgence pour les lecteurs d’apprendre à vérifier les sources, et pour les autorités de développer une stratégie de lutte contre ces sites anonymes.