La France a renforcé les contrôles des pensions de retraite destinées aux résidents étrangers, notamment en Algérie, affectant potentiellement des milliers de retraités algériens. Ces mesures accrues de vérification ont pour objectif de prévenir les fraudes. Toutefois, elles ont suscité des préoccupations quant à leur mise en œuvre juste et équilibrée. De nombreux Algériens vivant en Algérie se retrouvent ainsi dans une situation incertaine face à ces nouvelles exigences.
Récemment, un rapport de la Cour des comptes en France a déclenché l’alarme en pointant du doigt les failles dans le système de sécurité sociale, notamment en ce qui concerne les pensions versées à l’étranger. D’après les informations relayées par le journal Echourouk, les institutions de retraite françaises ont adopté des méthodes de vérification plus rigoureuses. Il est estimé que d’ici 2025, près de 50 000 retraités algériens devront démontrer leur existence pour continuer à recevoir leurs pensions, un nombre qui pourrait grimper à 60 000 dès 2026.
Impact direct sur les retraités algériens
Parmi ceux affectés, environ 15 000 retraités algériens pourraient se voir suspendre leurs pensions cette année si elles ne répondent pas aux critères de vérification des caisses de retraite, en particulier de l’Agirc-Arrco. Les contrôles demandent des preuves concrètes de vie et en l’absence de réponse, les paiements peuvent être coupés automatiquement. Ce renforcement des contrôles cible de manière disproportionnée les Algériens comparativement à d’autres nationalités.
Complexité du système de contrôle
Le dispositif de suspension automatique des pensions est certes conçu pour être efficace, mais il soulève plusieurs problèmes. En cas d’interruption des versements, les démarches pour réactiver les pensions sont complexes et manquent de transparence. Les retraités doivent se conformer à de nouvelles vérifications, souvent sans directives claires pour leur réintégration dans le système. Cette opacité administrative risque de placer de nombreux retraités algériens dans une précarité inquiétante.
En septembre 2024, la France a introduit un système de reconnaissance faciale biométrique pour simplifier ces contrôles. Cependant, son utilisation reste limitée, avec seulement 44 000 retraités sur les 300 000 concernés ayant adopté cette technologie à la fin de 2024. Les personnes de plus de 85 ans rencontrent particulièrement des difficultés avec ce nouveau système.
Les enjeux financiers liés à ces contrôles sont significatifs. Selon la Cour des comptes, les fraudes et les erreurs concernant les pensions des retraités algériens pourraient coûter entre 38 et 80 millions d’euros par an. Cette estimation repose sur des analyses qui montrent que 44% des décès n’étaient pas rapportés aux caisses de retraite françaises.