Le ministère algérien des Transports s’apprête à franchir un pas décisif dans la modernisation du secteur du transport de voyageurs. Dans une déclaration récente, le ministre Saïd Sayoud a annoncé la préparation d’un nouveau décret exécutif visant à encadrer l’importation de bus de moins de cinq ans, exclusivement destinés aux professionnels du transport de personnes.
Un cadre légal renforcé par la loi de finances 2024
Cette initiative s’appuie sur les dispositions prévues dans l’article 112 de la loi de finances 2024, qui ouvre la voie à l’importation de véhicules récents pour renouveler un parc de transport vieillissant. Une mesure stratégique qui s’inscrit dans une volonté plus large du gouvernement d’améliorer la sécurité routière, d’optimiser les services de transport et de s’adapter aux transformations urbaines du pays.
Les professionnels du transport, notamment ceux opérant dans les grandes agglomérations, saluent cette décision. L’autorisation d’importer des bus récents représente pour eux une opportunité de moderniser leurs flottes, de gagner en fiabilité et d’offrir des prestations de meilleure qualité aux usagers.
Des concertations intersectorielles pour une application efficace
Depuis 2023, le ministère des Transports a initié une série de réunions de coordination avec plusieurs départements clés : Finances, Industrie, Commerce, ainsi qu’avec le Groupe Ferrovial et l’organisme de développement de l’industrie automobile.
Ces échanges ont permis de poser les bases d’une réflexion commune autour des enjeux liés au renouvellement du parc roulant. L’objectif est double : accompagner les opérateurs économiques dans l’acquisition de nouveaux véhicules tout en assurant une transition fluide vers un transport plus moderne, sécurisé et durable.
Un soutien financier en cours d’étude pour les transporteurs
Pour rendre cette transition accessible au plus grand nombre, le gouvernement envisage la mise en place de mécanismes de financement adaptés. Selon le ministre, deux propositions sont actuellement à l’étude dans le cadre de la feuille de route dédiée à cette réforme.
Ces dispositifs pourraient inclure :
- des facilités de crédit ou de leasing pour l’acquisition de véhicules,
- des exonérations fiscales ou douanières,
- et potentiellement, des subventions ciblées.
Ces mesures sont perçues comme indispensables pour garantir le succès de cette réforme, en particulier pour les petits et moyens opérateurs qui n’ont pas toujours les moyens d’investir dans des bus neufs.
Vers une transition écologique dans le transport public algérien
Au-delà de la simple modernisation, le projet vise également à amorcer une transition vers des véhicules plus respectueux de l’environnement. Le ministre Saïd Sayoud a exprimé son intérêt pour l’importation de bus hybrides ou électriques, dans un contexte où la question environnementale prend de plus en plus d’importance.
Des stations de recharge pour véhicules électriques sont d’ores et déjà en cours d’installation dans certaines wilayas, signalant ainsi une volonté claire d’intégrer l’électromobilité dans les infrastructures nationales. Ce tournant écologique, bien qu’encore embryonnaire, est vu comme une étape clé vers une mobilité durable et propre.
La formation des chauffeurs : un pilier pour réussir le changement
La modernisation des véhicules implique aussi une mise à niveau des compétences humaines. Conscient de cette exigence, le ministère prévoit de renforcer les programmes de formation pour les conducteurs de bus. Ceux-ci devront être aptes à manipuler des véhicules dotés de technologies avancées, y compris les systèmes de conduite assistée ou les moteurs électriques.
Le succès de cette réforme dépendra donc non seulement de l’aspect matériel, mais aussi de la capacité des professionnels à s’adapter aux nouvelles exigences du métier.
Un projet très attendu par les acteurs du secteur
Les entreprises de transport de personnes, qu’elles soient publiques ou privées, attendent avec impatience la finalisation de ce décret. Nombre d’entre elles peinent à maintenir leurs flottes en état de marche, confrontées à un manque de pièces détachées, à des véhicules vieillissants et à des coûts de maintenance croissants.
L’entrée en vigueur de cette mesure pourrait donc booster le dynamisme du secteur, améliorer le confort des passagers et renforcer la sécurité globale du transport collectif en Algérie.
Une réforme ambitieuse et nécessaire
Le projet de décret sur l’importation de bus de moins de cinq ans constitue un tournant stratégique pour le secteur du transport en Algérie. En combinant modernisation, soutien financier, transition écologique et formation, le gouvernement pose les fondations d’un service public de transport plus efficace et plus adapté aux réalités du XXIe siècle.
Les mois à venir seront cruciaux pour concrétiser cette vision. Les opérateurs, les citoyens et les autorités locales observeront avec attention la mise en œuvre de cette réforme, qui pourrait marquer une nouvelle ère pour la mobilité urbaine et interurbaine en Algérie.