Le 8 mai 2025, une délégation de douze parlementaires français s’est rendue en Algérie pour commémorer les 80 ans des massacres du 8 mai 1945, perpétrés à Sétif, Guelma et Kherrata. Ces événements tragiques, survenus alors que la France célébrait la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont vu des milliers d’Algériens tués lors de manifestations réclamant l’indépendance.
Parmi les membres de cette délégation figuraient les députées Fatiha Keloua-Hachi, Sabrina Sebaihi, Danielle Simonnet et Sophie Briante Guillemont, qui ont exprimé la nécessité de reconnaître officiellement ces massacres comme des crimes coloniaux. Elles ont souligné l’importance d’intégrer ces événements dans les programmes scolaires et de permettre aux historiens d’accéder aux archives pour faciliter le travail de mémoire.
Visite de la Grande Mosquée d’Alger : un geste de respect controversé
Lors de leur séjour, les parlementaires ont visité la Grande Mosquée d’Alger, également connue sous le nom de Djamaâ El-Djazaïr, la plus grande mosquée d’Afrique et la troisième au monde. Par respect pour le lieu de culte, les femmes de la délégation ont porté une abaya et un voile, conformément aux usages locaux, et ont partagé des photos de leur visite.
Madame il est d’usage, partout, de respecter les lieux de culte quelqu’ils soient. De la même manière que l’on se couvre les épaules dans une église ou la tête dans une synagogue, on en fait de même dans une mosquée. C’est ce qu’on appelle la tolérance et le respect. https://t.co/6zuxDQiEPE
— Sabrina Sebaihi (@SabrinaSebaihi) May 13, 2025
Cependant, ce geste a suscité des critiques de la part de certains responsables politiques français. La sénatrice Valérie Boyer, membre du parti Les Républicains, a notamment remis en question la cohérence de ces parlementaires. Sur le réseau social X, elle a interrogé :
« Est-ce que ces parlementaires françaises sont membres des différentes délégations aux droits des femmes afin d’aborder au Parlement la question du port du voile et des femmes qui sont massacrées et tuées, car elles ont le courage de refuser de le porter ? »
La réponse ne s’est pas fait attendre. La députée écologiste Sabrina Sebaihi, d’origine algérienne, lui a adressé une leçon de tolérance et de respect, toujours sur X :
« Madame, il est d’usage, partout, de respecter les lieux de culte quels qu’ils soient. De la même manière que l’on se couvre les épaules dans une église ou la tête dans une synagogue, on en fait de même dans une mosquée. C’est ce qu’on appelle la tolérance et le respect. »
Elle a précisé ensuite :
« Je ne suis pas sur cette photo, mais je respecte tous les lieux de cultes. »
🇫🇷 FLASH – « Une meilleure société sans musulmans »
À Orléans, des autocollants portant le message « zone interdite aux musulmans » ont été apposés dans la ville. Une initiative qui choque les riverains et témoigne d’une radicalisation des discours dans l’espace public. pic.twitter.com/1kdzw7bNoh
— Tajmaât (@Tajmaat_Service) May 14, 2025
Montée de l’islamophobie en France : des actes préoccupants
Parallèlement à cette visite, la France a été le théâtre de plusieurs actes islamophobes. À Orléans, des autocollants portant l’inscription « zone interdite aux musulmans » ont été apposés dans certains quartiers, accompagnés de symboles interdisant le port du voile, la barbe, la prière dans la rue et même le sacrifice du mouton.
Ces incidents surviennent dans un contexte de tensions accrues, exacerbées par des discours politiques stigmatisants et une banalisation des propos anti-musulmans dans les médias. La communauté musulmane exprime son inquiétude face à cette montée de l’hostilité et appelle à une réaction ferme des autorités pour garantir la sécurité et le respect des droits de tous les citoyens .
Assassinat d’Aboubakar Cissé : un crime islamophobe qui indigne
Le 25 avril 2025, Aboubakar Cissé, un jeune musulman de 22 ans, a été poignardé à mort dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, dans le Gard. L’agresseur, Olivier H., a filmé l’attaque et proféré des insultes islamophobes pendant l’acte. Ce meurtre a suscité une vive émotion et relancé le débat sur la reconnaissance de l’islamophobie en France .
Les réactions politiques ont été nombreuses. Le président Emmanuel Macron a exprimé son soutien à la communauté musulmane, affirmant que « le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France » .
La France va-t-elle reconnaître officiellement ses crimes coloniaux ?
Les parlementaires français présents en Algérie ont réaffirmé leur engagement à faire reconnaître officiellement les massacres du 8 mai 1945 comme des crimes coloniaux. Ils prévoient de soumettre une proposition de loi début 2025 pour inscrire ces événements dans la mémoire collective et les programmes éducatifs.
Cette initiative vise à renforcer les liens entre la France et l’Algérie, en reconnaissant les souffrances passées et en œuvrant pour une réconciliation basée sur la vérité et le respect mutuel .