Le classement mondial des passeports, publié par Visa Guide en mai 2025, révèle une forte baisse de la valeur du passeport algérien. Un constat alarmant pour la mobilité internationale des citoyens algériens.
Un passeport en perte de puissance : classement et statistiques
Selon l’indice Visa Guide, le passeport algérien se classe à la 172ᵉ position sur 199 passeports évalués à travers le monde. Il n’obtient que 18,69 points sur 100, ce qui témoigne d’une liberté de circulation très limitée pour ses détenteurs.
Ce recul est significatif par rapport à la fin de l’année 2024. En décembre dernier, le passeport algérien était encore classé à la 154ᵉ position avec un score de 19,48. En seulement quelques mois, il a perdu 18 places, tombant à la 172ᵉ position en mai 2025. Cette chute reflète une dégradation continue, déjà amorcée en février (157ᵉ place) et confirmée en avril (159ᵉ place).
Le site Visa Guide base son classement sur le nombre de pays accessibles sans visa, avec visa à l’arrivée ou via un visa électronique. Le passeport algérien permet actuellement un accès direct à seulement 25 pays sans visa. Parmi eux, deux exigent une autorisation de voyage électronique préalable.
Des restrictions importantes pour les Algériens : visa obligatoire dans 129 pays
Les Algériens doivent obtenir un visa traditionnel pour se rendre dans 129 pays à travers le monde. Cette contrainte représente un obstacle majeur pour les voyageurs, qu’ils soient touristes, étudiants ou hommes d’affaires.
À cela s’ajoutent 28 pays qui délivrent un visa à l’arrivée et 44 autres accessibles avec un e-visa. Malgré ces options alternatives, la liberté de déplacement offerte reste inférieure à la moyenne mondiale.
En comparaison, la moyenne de mobilité sans visa des passeports les plus puissants dépasse 80 %. Pour le passeport algérien, ce taux plafonne à seulement 12,56 %, selon Visa Guide. Cette faible ouverture limite considérablement les opportunités de voyage et de développement à l’international.
Classement des passeports maghrébins : l’Algérie à la traîne
Le passeport algérien est aujourd’hui le moins performant du Maghreb. Le Maroc et la Tunisie affichent de meilleurs résultats, traduisant une diplomatie plus active et une reconnaissance plus étendue de leurs documents de voyage.
Le passeport marocain occupe la 124ᵉ place mondiale. Il permet un accès sans visa à 48 pays, un visa à l’arrivée dans 27 pays et un e-visa pour 33 autres. Le Maroc devance donc nettement l’Algérie en termes de mobilité internationale.
La Tunisie, quant à elle, se classe à la 131ᵉ position. Son passeport permet l’entrée sans visa dans 39 pays, avec un visa à l’arrivée dans 31 pays et un e-visa pour 27 destinations.
Ces chiffres montrent que, malgré des contraintes économiques similaires, les voisins maghrébins de l’Algérie parviennent à maintenir un meilleur niveau de reconnaissance diplomatique et d’accords bilatéraux.
Passeport français et passeports puissants : un contraste saisissant
À l’échelle internationale, les écarts sont encore plus frappants. Le passeport français, classé 4ᵉ mondial, offre un accès sans visa à 162 pays. Il est suivi de près par d’autres passeports européens et asiatiques, comme ceux du Japon, de l’Allemagne ou de la Corée du Sud.
En tête du classement, le passeport de Singapour demeure le plus puissant au monde en mai 2025. Il permet à ses détenteurs de voyager sans visa dans 168 pays, avec un visa à l’arrivée dans 24 pays supplémentaires et un e-visa dans 18 pays.
Cette forte mobilité témoigne de la confiance accordée par les États à ces pays en matière de sécurité, de stabilité politique et de fiabilité des documents d’identité.
Pourquoi le passeport algérien est-il si mal classé en 2025 ?
Plusieurs facteurs expliquent cette dégringolade. D’abord, l’Algérie n’a signé que peu d’accords bilatéraux permettant une exemption de visa. Contrairement à d’autres pays en développement, l’ouverture diplomatique algérienne reste limitée.
La perception internationale de l’Algérie sur les plans politique, sécuritaire et économique joue également un rôle. Les restrictions migratoires imposées par certains pays à l’encontre des Algériens résultent parfois de préoccupations liées à l’immigration clandestine ou à la stabilité régionale.
Enfin, la bureaucratie et les lenteurs administratives pour la délivrance de passeports biométriques fiables et sécurisés nuisent à la réputation du document algérien à l’étranger.
Quelles perspectives pour améliorer la valeur du passeport algérien ?
Pour redonner de la force à son passeport, l’Algérie doit repenser sa diplomatie. Cela passe par la signature d’accords d’exemption de visa avec des partenaires stratégiques, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Une amélioration de la situation économique, accompagnée d’une meilleure image à l’international, pourrait également influencer positivement le classement du passeport.
La modernisation de l’administration et le renforcement des mesures de sécurité dans la délivrance des documents de voyage pourraient aussi contribuer à restaurer la confiance des pays tiers.
Mobilité des citoyens, réduite un frein majeur pour la jeunesse algérienne
Le recul du passeport algérien en 2025 n’est pas seulement symbolique. Il a des conséquences concrètes sur la mobilité des citoyens, en particulier des jeunes désireux de voyager, d’étudier ou de travailler à l’étranger.
Redresser ce classement exige des réformes profondes, à la fois diplomatiques, économiques et administratives. Dans un monde globalisé, la liberté de circulation est un atout stratégique que l’Algérie ne peut plus ignorer.