La France a récemment intensifié la surveillance des pensions de retraite distribuées à l’étranger, en mettant un accent particulier sur l’Algérie. Pour ce faire, elle a positionné deux agents au consulat d’Alger chargés de vérifier l’authenticité des bénéficiaires de ces pensions. Cette mesure s’inscrit dans un contexte où la fraude aux pensions à l’étranger est devenue une préoccupation majeure pour les autorités françaises.
Un rapport récent de la Cour des comptes française a mis en lumière la nécessité d’augmenter les contrôles sur les pensions versées hors de France, notamment vers l’Algérie et le Maroc. Ce rapport souligne la somme significative que représenterait la fraude, estimant les pertes annuelles à plusieurs dizaines de millions d’euros pour l’Algérie seulement.
Impact Financier de la Fraude sur les Pensions
Le rapport de la Cour des comptes estime que la fraude aux pensions de retraite en Algérie pourrait coûter entre 40 et 80 millions d’euros chaque année, tandis que pour le Maroc, ce chiffre serait d’environ 12 millions d’euros. Ces chiffres montrent l’ampleur du problème auquel la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) doit faire face, avec une estimation globale de fraude atteignant 100 millions d’euros annuellement.
La Cour des comptes a également pointé du doigt le manque de suivi et d’évaluation spécifique concernant les fraudes et erreurs dans le versement des pensions à l’étranger. Elle recommande ainsi une amélioration des méthodes de contrôle, incluant l’adoption de technologies comme la reconnaissance faciale biométrique, et une augmentation des contrôles physiques, déjà en vigueur en Algérie.
Mesures de Contrôle en Algérie
Au consulat de France à Alger, deux agents sont spécifiquement chargés de vérifier si les retraités algériens, bénéficiaires de pensions françaises, sont toujours en vie. Ces agents ont pour mission de convier régulièrement ces retraités à se présenter en personne pour prouver leur identité et leur existence. En cas d’absence ou de non-conformité, les pensions peuvent être suspendues sur-le-champ.
Cette initiative a déjà permis d’éliminer plusieurs centaines de dossiers jugés suspects. Le directeur général de la Cnav, Renaud Villard, mentionne que son organisation a déjà mis en œuvre une partie des recommandations de la Cour des comptes, appliquant des mesures strictes pour minimiser les risques de fraude, en particulier en Algérie.
Estimations et Réalités de la Fraude
Les estimations fournies par la Cour des comptes concernant les montants de la fraude sont considérées par certains acteurs comme étant potentiellement sous-évaluées. Le directeur de la Cnav suggère que les chiffres réels pourraient se situer dans une fourchette légèrement inférieure, soit entre 50 et 60 millions d’euros par an. Cette différence souligne la complexité et les défis associés à la quantification précise de la fraude dans ce domaine.